La société IMZ-Ural, fondée en 1941, a longtemps assemblé ses motos à Irbit, en Russie, avant de déplacer une partie de sa production hors du pays. Depuis 2022, le montage final des motos Ural se fait officiellement au Kazakhstan, conséquence directe des sanctions internationales.Certaines rumeurs attribuent la fabrication de ces motos à la Chine, alimentées par la présence de pièces asiatiques dans la chaîne d’approvisionnement. Toutefois, la majorité des composants principaux demeure d’origine européenne ou russe, tandis que la certification reste encadrée par les normes internationales.
Plan de l'article
Une légende née au cœur de la Russie
Le destin des motorcycles Ural a basculé au beau milieu de la Seconde Guerre mondiale. L’Armée rouge, alors en quête d’un attelage à toute épreuve, puise son inspiration chez BMW, modifiant le R71 pour l’adapter à ses besoins. Le pacte germano-soviétique permet à quelques exemplaires allemands de passer la frontière, et les ingénieurs soviétiques s’empressent de décortiquer la mécanique. De cette base naît le M-72, side-car prêt à affronter les caprices du front soviétique.
En 1941, la production s’installe à Irbit, nichée à l’écart des lignes de front. Cette ville de l’Oural devient le berceau d’une moto conçue pour affronter la neige, la boue, les pistes cabossées. La Ural, c’est la compagne des routes impossibles, le side-car qui brave sans broncher les pires conditions. Engagée dans les offensives majeures, elle transporte hommes et matériel là où les autres reculent.
L’ADN classic bike de la marque plonge ses racines dans cette épopée. Année après année, Ural ne transige pas avec son identité. Son histoire traverse les décennies, indifférente aux modes. Les passionnés français ne s’y trompent pas : piloter une Ural, c’est remonter le temps, c’est rouler avec la mémoire en bandoulière, là où la mécanique devient témoin de l’Histoire.
Comment la fabrication des motos Ural a évolué au fil des décennies
Pour saisir ce qui distingue la production Ural, il suffit d’observer un side-car des années 50 : minimaliste, solide, conçu pour durer et affronter l’inattendu. À l’époque, la robustesse prime : fourche à balancier, roues interchangeables en quelques minutes, transmission par cardan robuste. Des solutions pensées pour survivre aux routes russes, pas pour briller sur catalogue.
Les décennies passent, la marque s’adapte. Les ingénieurs innovent, s’inspirant parfois de Moto Guzzi ou, plus tard, adoptant les freins Brembo. La transmission aux deux roues se généralise, rareté chez les constructeurs occidentaux, séduisant les baroudeurs. Ural devient un symbole d’aventure sur terrain difficile.
L’ouverture vers l’Europe dans les années 90 change la donne : nouveaux marchés, nouvelles attentes. Les contrôles anti-pollution, le confort et la sécurité s’invitent. Les puristes râlent, mais la marque avance. Les modèles évoluent avec des roues plus larges, des équipements modernisés, mais sans succomber à l’électronique omniprésente chez Honda ou Yamaha.
Malgré tout, la fabrication conserve une part artisanale, presque confidentielle. Les modèles récents intègrent parfois des pièces venues d’Italie ou d’Allemagne, mais l’âme Ural ne se dilue pas. Sur le marché rétro, la marque reste la préférée de ceux qui cherchent une moto capable d’affronter aussi bien les hivers baltes que les chemins du sud de la France. L’authenticité ne s’est jamais évaporée.
Chine, Kazakhstan, Russie : où sont réellement produites les Ural aujourd’hui ?
L’époque où chaque side-car sortait forcément d’Irbit sous la vigilance d’ouvriers russes est révolue. Aujourd’hui, la réalité est plus nuancée. Après des années dans l’Oural, la marque a dû se réinventer pour survivre aux bouleversements géopolitiques. Depuis 2022, la production destinée à l’export ne sort plus de Russie. Pour rester sur la scène internationale, Ural a relocalisé son assemblage.
La touche finale se fait désormais au Kazakhstan. À Petropavl, les motos destinées à l’Europe, notamment à la France, prennent forme. Les éléments clés, cadre, moteur, transmission, restent issus d’un savoir-faire russe, assemblés à quelques kilomètres de la frontière. Quant à la Chine, la direction Ural n’a jamais opté pour une fabrication massive dans ce pays. Les bruits persistants, attisés par la proximité des modèles Chang Jiang, tiennent davantage du mythe que du fait établi.
Pour mieux comprendre la répartition de la fabrication entre les différents pays, voici un récapitulatif :
| Pays | Rôle dans la fabrication |
|---|---|
| Russie | Fabrication des composants majeurs, savoir-faire historique |
| Kazakhstan | Assemblage final, exportation vers l’Europe |
| Chine | Production indépendante (Chang Jiang), aucune implication directe sur Ural |
Les motos Ural d’aujourd’hui tirent donc leur origine entre la Russie et le Kazakhstan. Que ce soit à Paris, à Cuba ou sur une nationale française, chaque attelage garde ce caractère de l’Est, loin du moule des productions de masse asiatiques.
Quelles différences entre les modèles selon leur lieu de fabrication ?
Les passionnés de side-cars Ural s’interrogent : une machine issue d’Irbit se démarque-t-elle vraiment d’un modèle kazakh ? Les connaisseurs scrutent les moindres détails, du moteur flat twin à la transmission, en passant par la fameuse fourche à balancier. Les bases techniques demeurent, mais le regard averti repère des nuances.
D’un atelier à l’autre, la qualité d’assemblage a varié. Les exemplaires russes affichaient parfois des ajustements sommaires, une authenticité brute qui faisait leur charme mais laissait parfois filtrer quelques imperfections. Depuis l’arrivée du Kazakhstan dans l’équation, la marque a relevé le niveau : marges de tolérance mieux maîtrisées, contrôles qualité renforcés. Résultat : moins de jeu dans la mécanique, une fiabilité accrue, surtout au niveau de la transmission et du freinage.
Les équipements évoluent avec discrétion. Les modèles pour la France et l’Europe reçoivent désormais des freins à disque efficaces et une électronique réduite à l’essentiel, loin de la sophistication parfois envahissante des modèles japonais ou italiens. Le style reste fidèle à l’esprit Ural : du tempérament, de la rusticité, une finition nettement plus en phase avec les attentes des motards allemands ou suédois.
Certains collectionneurs recherchent l’aspect brut et l’histoire des premières générations russes. D’autres préfèrent la robustesse et la fiabilité des modèles kazakhs récents. Mais tous partagent la même conviction : enfourcher une Ural, c’est choisir une aventure qui va au-delà de la simple balade, un voyage où la route n’a jamais le dernier mot.


